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L'histoire de Marie : une deuxième chance (2/3)

Histoires à succès

Par la suite, pour faire une histoire courte, elle a un peu « vivoté », pour employer ses termes, durant plusieurs années. Elle a expérimenté plusieurs choses, consulté quelques intervenants par ci par là, pour finalement tomber sérieusement malade. Par miracle, elle a pu se relever, petits pas par petits pas.

Elle a alors eu un emploi qui lui permettait de gagner sa vie, mais qui ne lui permettait pas de vivre, raconte-elle. Elle a même affirmé qu’elle « commençait même à penser qu’elle devrait peut-être boire un peu d’alcool avant d’aller travailler plutôt que de se pendre à un arbre », tellement son travail l’ennuyait.

 « Mourir n’est rien, ne pas vivre est affreux. »

Victor Hugo

Un jour, son amoureux, celui qui l’a sauvée, m’a-t-elle confié, l’a encouragée à faire quelque chose pour changer d’emploi. Après quelques démarches, Marie s’est finalement retrouvée, un peu à reculons, de nouveau dans le bureau d’une conseillère d’orientation d’un organisme sans but lucratif. Elle m’a raconté qu’à ce moment, elle ignorait qu’elle était devant « une vraie pro », cette fois, pour reprendre ses termes. Je vous raconte maintenant ce qu’ils ont fait ensemble, puisque Marie a eu la gentillesse et la générosité de me le transmettre. Elle se souvient, lorsque la conseillère l’a contactée la première fois par téléphone. Malgré le fait qu’elle se sentait alors « une moins que rien », elle m’a confié qu’elle ne s’est pas sentie jugée, ce qui l’aurait encouragée.

Je fais une parenthèse, ici, pour souligner que ce moment, bien que pouvant paraître anodin, serait d’une grande importance car cela aura été le début de la construction de l’alliance de travail entre la cliente et la conseillère. En effet, il aurait été démontré que la qualité de l’alliance de travail serait le meilleur prédicteur du succès d’un processus d’orientation (Whiston et al., 2016).

Lors de la première rencontre, la conseillère a tenté de comprendre sa situation en lui posant quelques questions en lien particulièrement avec les études, les expériences personnelles et professionnelles, la santé, la famille, le réseau social, son histoire et les intentions de la cliente. Elle a ensuite fait un test dans le but d’évaluer ses intérêts. Marie m’a raconté qu’elle a eu l’agréable impression que sa conseillère ressemblait un peu à une couturière « de top niveau et hyper sympathique » prenant les mesures de sa cliente afin de tenter de voir quels « vêtements » professionnels pourraient le mieux lui convenir.

Peu importe le choix professionnel d’un individu, cela ne toucherait aucunement à sa dignité comme personne humaine.

En effet, je fais, ici, une autre petite parenthèse pour souligner que certains auteurs percevraient une profession comme un rôle qu’une personne jouerait dans la société, un peu comme dans une pièce de théâtre. En d’autres mots, pour employer les termes des savants, une profession pourrait être vue comme « le Soi dans un rôle » (Savickas, 2015). J’aime personnellement cette vision des choses car peu importe le choix professionnel d’un individu, cela ne toucherait aucunement à sa dignité comme personne humaine. Je ne peux aussi m’empêcher d’ajouter les sages propos du psychologue Abraham Maslow (oui, le même qui a fait la fameuse pyramide des besoins) concernant l’orientation professionnelle : il explique que lorsqu’une personne se connaît, le choix d’une profession se ferait pratiquement de lui-même. Il ajoute que le client doit aussi écouter sa petite voix intérieure (Maslow, 1971).  

Donc, après avoir « pris ses mesures », la conseillère lui a proposé de regarder une liste de professions pouvant correspondre à son profil, et de souligner celles qui pourraient l’intéresser. Alors, durant quelques jours, Marie a étudié la liste de professions ainsi que leurs descriptions précises à l’aide du logiciel Repères. Parallèlement, elle a aussi écouté sur Youtube des professionnels parlant de leur métier. Marie devait aussi considérer la faisabilité et les programmes de formation des choix qu’elle retenait. Quelques jours plus tard, sa conseillère lui a suggéré de monter une liste d’une dizaine de professions qu’elle aurait retenues, et qu’elles regarderaient ensemble lors de leur prochaine rencontre.

Dans la troisième et dernière partie, nous verrons la suite et la conclusion du processus d’orientation de Marie.

Christian Lessard, Conseiller d'orientation