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Conseiller.ère d'orientation : Le secteur de l'employabilité

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Six secteurs de pratique

Dans ce deuxième article d’une série de six, Orientation et Pratiques, au pluriel nous amène vers le secteur de l’employabilité. Avec l’arrivée du plus gros évènement annuel en emploi, la Foire de l’emploi et carrière qui aura lieu les 12 et 13 avril prochains, marquera la 25e année de son existence. Cet évènement permet d’accueillir une multitude d’entreprises, mais aussi des organismes et des ressources en employabilité. La contribution d’un conseiller d’orientation (c.o.) dans ce type d’activité rappelle l’expertise en emploi de ce professionnel. C’est un acteur qui agit à titre de conseiller (dans l’orientation d’un choix professionnel), mais aussi d’accompagnateur (dans la recherche d’emploi), d’évaluateur (des compétences et du potentiel d’employabilité), d’allié (dans l’offre d’outils et de stratégies de recherche d’emploi), ainsi que de collaborateur (auprès des entreprises et des autres professionnels de l’emploi).

Parlant de collaboration, j’ai eu le plaisir de m’assoir avec une collègue et camarade, conseillère d’orientation (C.O.) agissant comme conseillère en emploi (C.E.), dans son organisme. Julie de la Boissière, c.o. travaille chez un de nos plus chers partenaires, le GIT Services-conseils en emploi. D’ailleurs, vous aurez la chance de rencontrer ou de croiser divers professionnels en employabilité aux Foire et Salon de l’emploi, tenus dans les régions de la Capitale-Nationale et de la Chaudière-Appalaches (voir les informations en fin d’article).

L’orientation au cœur de l’employabilité

Selon les différentes sources et divers classements, le secteur de l’employabilité regroupe aussi la formation aux adultes, comme présenté dans la documentation de l’Université Laval. Dans le cadre de cet article, nous définirons plutôt ce secteur comme étant la branche de l’orientation professionnelle qui est liée au monde de l’emploi. Nous parlons principalement d’une clientèle chercheuse d’emploi, jeune adulte, adulte ou expérimentée (50 ans et plus). Voici les mots clés que Julie nous partage, en définition avec ce secteur : recherche d’emploi, CV, entrevue, marché caché vs marché ouvert, marché du travail (au Québec) et outils de recherche d’emploi.

À ce vocabulaire, j’ajouterai cela : bilan de compétences, accompagnement vers l’emploi, intégration en emploi, maintien en emploi, concertations avec les employeurs, etc. Ce sont des démarches qu’un conseiller en emploi peut être amené à faire dans le cadre d’un suivi à plus long terme. L’orientation est certainement au cœur de l’employabilité ! Car le poste de conseiller d’orientation se retrouve dans l’ensemble des organismes en employabilité.

Ce qui est intéressant de constater est que les organismes en employabilité sont complémentaires les uns aux autres, car pendant que certains desservent une clientèle adulte, d’autre œuvrent auprès de la clientèle jeune. Les uns offrent des services ponctuels, alors que d’autres ont des services d’accompagnement sur du long terme. D’ailleurs, c’est ce qui caractérise les services de l’APE, l’accompagnement à plus long terme. Nous retrouvons des ressources détenant une expertise auprès d’une clientèle plus spécifique (ayant des enjeux de santé mentale ou de limitations physiques ou encore de judiciarisation), tandis que d’autres desservent plus largement la population. Avec une diversité aussi marquée des caractéristiques de la clientèle, l’orientation permet d’adopter une posture de conseiller (et parfois d’intervenant), afin de guider l’individu vers des options professionnelles (métier et emploi) cohérentes avec ses facteurs de réalité.

« La cloche continue de sonner » ! « D’ailleurs, en ce moment, dans l’employabilité, il se remarque une forte demande de services », dit Julie. Les C.O. et C.E. sont donc mobilisés pour desservir les chercheurs d’emploi présentant divers profils et ils sont prêts !

« Je peux offrir à la clientèle des services d’orientation et d’accompagnement à l’intégration et au maintien en emploi, gratuitement, grâce au partenaire [principal…]
En évoluant dans ce secteur, je vis l’esprit communautaire, tout en assurant des services professionnels ».  

Annie Perreault, c.o., APE

D’un point de vue technique 

Une journée type dans le monde d’une conseillère en emploi commence par une bonne tasse de café, comme nous le rappelle Julie ! Les rencontres avec les clients durent une heure. Cette heure est consacrée soit à l’évaluation des besoins, soit à la recherche d’emploi. Cela se décortique par l’identification des obstacles vécus ou du type d’emploi recherché, la rédaction de documents (CV ou lettre de présentation), la pratique d’entrevue, le suivi administratif à l’aide d’outils traditionnels en employabilité (pour ceux qui sont familiers avec LGE stat et SIP) et enfin, répondre aux questions ponctuelles des clients. Pour Julie, la nature de ses suivis est surtout caractérisée par du court terme. Présentement, elle travaille principalement auprès des demandeurs d’asile, une clientèle qui a augmenté dans les dernières années et qui fait face à des besoins et des enjeux importants. Deux organismes de la région de Québec, dont le GIT, s’assurent de desservir cette clientèle.

La prise en charge de ce projet la tient occupée. Notre conseillère se plaît bien dans son rôle et apprécie la clientèle qu’elle accompagne. Il est intéressant de voir que l’animation d’ateliers fait tout de même partie des tâches de la C.E. Une belle collaboration existe entre le GIT et le Centre multiethnique de Québec (CMQ), où Julie offre des ateliers sur certaines thématiques de l’employabilité : recherche d’emploi et marché du travail.

Je présente en exemple le type de collaboration qui peut exister entre nos deux organismes, soit entre l’APE et le GIT. Une personne peut être amenée à faire une démarche d’orientation à l’APE, pour mieux cibler son objectif : soit un retour en emploi ou un retour aux études. S’il s’agit d’un retour sur le marché du travail, être desservi par le GIT peut alors être tout à fait pertinent. Le conseiller d’orientation est aussi un professionnel important dans la réalisation d’un bilan de compétences. Cette démarche permet de débroussailler tous les acquis (formations, expériences de travail ou implications sociales) d’un individu. À travers ce bagage, le client serait plus en mesure de sélectionner ce qui le passionne, au moment présent ou même de saisir de nouvelles opportunités qu’il ne croyait pas possibles. L’APE se démarque également dans l’accompagnement au maintien en emploi, « car trouver un emploi c’est une chose… le maintenir en est une autre » ! Une fois accompagné dans la recherche d’emploi par Julie, la partie de l’accompagnement en emploi peut être reprise à l’APE, par exemple.

Aimer sa profession

« Travailler dans mon secteur d’activité est un privilège, car [j’accompagne] les personnes dans une période très importante de leur vie. Il faut avoir de l’ouverture, [car] on peut rencontrer tout type de clientèle ». C’est ce que Julie nous partage comme message quant à son grand intérêt pour son travail, son domaine et son secteur de pratique. L’écoute demeure une habileté centrale pour elle et aimer le contact avec les personnes est un atout. L’orientation lui aura permis de se familiariser à la relation d’aide : « le métier de conseillère en emploi, tu peux l’apprendre, mais les habiletés de la relation d’aide, tu les développes grâce à la formation », dit-elle. Cela lui aura permis d’être sensibilisée à la réalité et aux défis que peuvent vivre les personnes, car même si, dans le cadre de son travail, elle ne travaille pas sur les problématiques, elle se doit de les accueillir.

Nous avons la chance d’exercer une profession aux multiples facettes et c’est ce qui motive notre conseillère d’orientation. La variété de ses tâches semble être ce qui la stimule grandement, allant de l’accompagnement individuel, les connaissances techniques, en passant par la gestion administrative (des dossiers), jusqu’à l’animation d’ateliers. Le café à la main, nous ne doutons pas de sa capacité de conquérir le monde de l’employabilité ! En effet, bien que la variété soit un motivateur, il peut aussi s’agir d’un défi, à ses yeux, car pour Julie, nous ne savons pas toujours à quelle problématique nous pourrons être confrontés. Un autre défi propre à l’employabilité est celui pour lequel le client peut risquer de ne pas décrocher un emploi rapidement, s’entremêlent alors acharnement et découragement. Vous savez, nous disons souvent que la recherche d’emploi est un emploi en soi !

« À tout moment de notre vie, nous pouvons être amené à se questionner professionnellement, que ce soit après les études […], que ce soit après avoir été longtemps absent du [marché du travail…], que ce soit après une perte d’emploi […], que ce soit qu’on s’ennuie à la retraite […], etc. Donc, là, je vois la pertinence de notre secteur ».

Annie Perreault, c.o., APE

Continuer de se développer professionnellement

À travers les années, nous avons eu la chance de nous côtoyer et je peux confirmer l’intérêt sans limite que Julie voue à sa profession. Elle mentionne avoir toujours eu une attirance pour la relation d’aide. Malgré les défis, les insécurités et les transitions, travailler avec les personnes a toujours été clair pour elle. Il me semble merveilleux de constater l’évolution professionnelle à travers laquelle nous sommes passées. Julie reconnaît la confiance qu’elle a acquise à travers son expérience professionnelle en sachant qu’elle a ses formations qui justifient son expertise. Elle a appris à clarifier sa fonction, cadrer son rôle et son travail, ainsi que tolérer l’ambiguïté. Elle continue de se développer professionnellement grâce aux formations disponibles sur le site de l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec (OCCOQ), les colloques (ex. : Quariera) ou encore les formations ciblées (en lien avec sa clientèle ou avec son poste).

En bref, quel est l’avenir de l’orientation dans son milieu ou dans son secteur de pratique ?
« Malgré l’intelligence artificielle, le rôle des conseillers demeure pertinent, car nous continuons de travailler avec des humains. [De la même façon] que nous ne pouvions pas remplacer l’orientation [professionnelle] par des tests […] », l’orientation tend à se développer dans l’avenir. Nous sommes donc bien rassurés par les propos de Julie. L’orientation aura toujours sa place dans l’employabilité !

Remerciements

Je tiens à remercier des collaboratrices de longue date, Julie de la Boissière, c.o. chez GIT, pour nos échanges toujours aussi plaisants, chaleureux et renforçateurs. Je tiens à remercier mes collègues, Annie Perreault, Delphine Gagnon-Chrétien et France Morin, dans l’inspiration de la grille de questions. Merci également à Nadine Gamache pour son expertise dans le monde de l’employabilité.

Les évènements emploi de la CN : https://foireemploi.com/ et de C-A : https://selb.ca/ se tiendront le 12 et 13 avril 2024, ainsi que le 26 et 27 avril 2024.

Christie S. Mulimbi, conseillère d'orientation à l'APE